Faut-il une Hordes-onnance pour y survivre ?

Étendant paresseusement ses rayons sur la vallée désertique, l’astre solaire entama sa lente envolée vers les cieux. Les ombres étirées des rochers dessinaient d’étranges tentacules essayant vainement de rejoindre le côté sombre de la surface terrestre. Jim en profita pour marquer une pause, humant l’air et profitant de la chaleur salvatrice du soleil. Il allait ainsi pouvoir profiter d’une marche plus tranquille, car la horde ne le poursuivrait plus avant la tombée de la nuit. Et l’odeur sèche et chaude du désert le changerait des relents de putréfaction du Fort Morne qu’il avait abandonné quelques heures plus tôt, à l’instant fatidique de l’assaut.

Les survivants avaient eu beau s’organiser et se serrer les coudes, la horde était revenue, incessante, chaque soir, et cette nuit avec été celle de trop. Bill, Johanna, le prêtre, et même William, le marine. Tous y étaient passés cette nuit. Seul Jim avait survécu, et il ne devait son salut qu’à la fourberie avec laquelle il les avait bernés. Sachant ses alliés temporaires condamnés, il les avait sacrifiés afin de s’offrir une maigre chance de réchapper aux morts-vivants.

Une semaine plus tôt, tous étaient arrivés de différents horizons et s’étaient rassemblés au vieux fort qui constituait une défense inespérée face à la horde. Quarante personnes  s’étaient ainsi entraidées, afin de renforcer le bâtiment , se partager les maigres rations d’eau  et de nourriture . Six d’entre eux , comme Tom, n’avaient pas voulu croire en la réalité, et avaient juré que les zombies n’étaient pas vrais. Ils avaient payé le prix de leur erreur en voulant passer la première nuit dans le désert : ce que les autres appelaient « l’outre-monde » comme si l’enfer était venu sur terre.

D’autres encore avaient refusé de coopérer, et s’étaient montrés égoïstes dès le départ . Ainsi Craig avait volé les planches  que les survivants voulaient utiliser pour renforcer la porte du fort, et il les avait employé à se construire une sorte de taudis bancal  qui le cacherait à la vue de la horde si elle réussissait à pénétrer dans l’enceinte de Fort Morne. Par sa faute, plusieurs dizaines de créatures avaient enfoncé la grande porte, et vingt-et-une personnes étaient mortes cette nuit là. Sans compter cet imbécile de George qui avait pris la mort-au rat pour un bonbon à la fraise .

Les treize survivants  avaient réussi à s’organiser pendant plusieurs jours, rationnant l’eau et partageant la nourriture. Il faut dire qu’il ne restait que les plus malins et les plus débrouillards.Bill et les quatres autres plus courageux d’entre eux s’aventuraient chaque jour dans l’outre-monde afin de ramener toute matière bonne à améliorer les défenses de la ville, tandis que William et Johanna s’occupaient des travaux en eux-mêmes, aidés des personnes restantes. Le prêtre, quant à lui, donnait l’extrême-onction aux victimes de la nuit durant le jour, et aux attaquants durant la nuit. Il n’avait pas d’égal quand il s’agissait de poutrer du zombie. Grâce à la tronçonneuse  qu’il avait retapé, il faisait un carnage tous les soirs, prenant chaque fois un peu plus de risques pour « ramener les brebis égarées » sur le « droit chemin ». Si bien qu’un soir, il finit par disparaître dans la masse d’assaillants, et nul ne le revit .

Ce qui accéléra la fin des derniers fut un concours de circonstances malheureux. Tout d’abord, le groupe de Bill voulut s’aventurer toujours plus loin, la région proche du Fort étant depuis longtemps épuisée Ils tombèrent sur un abri atomique abandonné, et pensant pouvoir y trouver une mine de trésors pour leur défense, ils tombèrent en fait de trésors, sur une grosse partie de la horde . Certains en réchappèrent, mais tous étaient blessés. De plus Johanna et William n’étant pas d’accord sur les priorités de constructions, ils se scindèrent en deux groupes, et plus aucun de leurs travaux ne put être fini à temps ( ou ).

Jim avait alors pris une grave décision. L’attaque de la horde étant plus forte chaque soir, ce soir là allait être le soir fatidique où tous mourraient . Il avait donc attendu que tous soient endormis ou occupés à autre chose, et s’était placé près de la porte. Lorsque les premiers assaillants étaient arrivés, il avait ouvert la porte en grand . Au lieu de s’amasser à l’entrée, comme à son habitude, la horde pénetra entièrement dans le camp, laissant l’ouverture libre. Jim en avait profité pour sortir de derrière la porte et avait couru dans l’outre-monde aussi vite et aussi longtemps qu’il l’avait pu. Par deux fois il était tombé sur des morts-vivants qui n’avaient pas suivi la horde. Mais la chance l’accompagnant, il avait pu à chaque fois éviter la morsure. Et puis le lance-pile  fabriqué par le prêtre l’avait grandement aidé à éviter le désastre.

Désormais, il marchait dans la lumière du jour naissant, traînant derrière lui le sac  de provisions (,,, et ) qu’il avait emporté, ainsi que le lourd fardeau de la mort de ses amis. Tous y étaient passés. Il n’avait pas assisté à la mort de Johanna, mais ne voyait pas comment elle aurait pu s’en sortir, acculée dans un angle du camp… William était mort de façon bien moins héroïque que le prêtre, pleurant et demandant sa mère . Jim n’avait d’ailleurs pas pu esquiver un sourire en entendant ce militaire pédant et autoritariste révéler sa vraie nature.

Après quelques heures de marche, Jim était au bord de la déshydratation . Il pensait ne pas pouvoir s’en sortir quand il aperçut au loin la silhouette d’une ville. S’approchant, il entendit une radio  cracher un vieux morceau de country…


Hordes est un (M)MO(RP)G : Un jeu multijoueur en ligne, par navigateur. Pas franchement « massivement multijoueur », et ne contient pas assez de joueurs « RP », mais c’est un jeu excellent. La raison pour laquelle je l’apprécie, je lui « kiff le boul » et tout et tout, c’est justement parce qu’il n’est PAS massivement multijoueur. Les parties se jouent à 40, et le but est de jouer Coopératif plutôt que de se foutre sur la citrouille (même si beaucoup n’ont pas compris ce petit détail). Ces deux éléments le rendent unique et exceptionnel à mes yeux.

Bref si vous ne l’avez pas encore compris, le but est de poutrer du zombie de survivre le plus longtemps possible dans une ville de 40 joueurs, faces aux attaques incessantes et toujours plus fortes de hordes de zombies. C’est un jeu où on est condamnés dès le départ. Reste plus qu’à savoir quand 😛 . Le concept est déjà sympa et original à l’origine (vu qu’on sait qu’on va mourir, vu que ce n’est pas massivement multijoueurs, vu que c’est coopératif, vu que j’y joue avec santian, etc… ), mais en plus, ça reprend beaucoup des clichés de films de zombies :

  • le commissariat (ou encore l’abri anti-atomique) infesté de zombies me rappelle étrangement Resident Evil 2
  • Les joueurs se comportent tous comme des personnages de films de zombies : la blonde (en bref, le boulet qui préfère construire une potence plutôt que des défenses), l’ex-flic qui se la joue chef, mais finit par tuer ses semblables, les bons samaritains, qui veulent aider tout le monde mais s’y prennent comme des pieds, le kévin qui ne souhaite que sa propre survie, quitte à tuer les autres (en bref tous les kévins du jeu quoi >.<), etc…
  • L’organisation même du jeu rappelle beaucoup ces scènes où les héros rejoignent un centre commercial / une base militaire / un village, y trouvent d’autres personnes et tentent tous ensemble de survivre : au final, 3 chanceux s’en sortiront et le reste finiront par leur courir après, la bave aux lèvres et le regard vitreux…
  • L’élément ultime : l’humour ! Il est omniprésent dans le jeu, souvent très macabre, et c’est un très gros point pour l’ambiance du jeu. Ainsi, chaque page chargée affiche une petite citation :
    • « Si on m’avait dit que la pisse d’un chat liquéfiait un zombie… »
    • « On avait le choix entre lui pardonner ou la punir. On lui a finalement construit un cremato-cue. Pour ne plus avoir faim. »
    • « Qui a volé doit être pendu ! Qui a pendu doit être banni ! Qui est banni doit être dévoré ! Voilà ! Telle devrait être la loi ! »
    • « Un os par terre = un ami à terre »
    • « Cultivez la pensée positive. Vous allez mourir. Dans tous les cas. »
    • « Je sais, je sais. La bouffe est pas terrible mais au moins elle bouge pas quand tu croques dedans. »
    • « J’ai pas fermé l’oeil depuis trois jours, depuis que Carla est morte. Hein ? Ouais, je sais, c’était la semaine dernière. Mais maintenant, elle cogne dans la cave. »
  • On trouve aussi d’autres éléments sympa dans le jeu : le cremato-cue est une construction à faire quand on a faim : un mélange de crématorium et de barbecue (je vous laisse imaginer…), la boucherie (pour trouver une utilité au chat de la vieille Powel, ou à Beethoven le chien boiteux), le canon à briques ou encore la rape à zombies 😀

En bref, c’est un jeu bien jeté du ciboulot, original (autant que peut l’être un jeu par navigateur), et surtout addictif !!! Au début on se dit « ouarf, je jouerai 5 minutes par jour, ça sera cool », et après 2 mois de jeu, on se rend compte qu’on y passe 3 heures tous les jours (dès que le chef a le dos tourné). Si ça vous intéresse, voici le lien :

 

Je dédie cette histoire à certains des joueurs que j’ai rencontrés :

  • A lepreacher, qui m’a inspiré le prêtre (autant pour l’habit que pour le caractère >.<)… Meilleur joueur evar que j’ai jamais rencontré dans le jeu. C’est le genre de personne avec qui j’aurais aimé jouer RP.
  • A toutrisque ou encore Bibilodie, qui m’ont inspiré les bons chefs de chantier (et du coup Johanna pour Bibilodie, vu que toutrisque n’est pas une fille >.<)
  • A squatteurdu86 et discodu86, qui m’ont inspiré la notion de traitrise de dernière minute (même si ce sont des joueurs sympa et efficaces 😛 )
  • A tous les boulets qui m’ont inspiré les morts d’outre-monde de la première nuit, et ceux qui m’ont inspiré le taudis de Craig. Je ne donnerai pas de nom !
  • A Santian, qui m’a inspiré les aventuriers du désert trop… aventuriers, car elle rentre toujours avec une blessure, la pauvre 😀
  • Enfin, je dédie Jim, le héros de cette histoire, à au moins cinq ou six des dix-sept villes que j’ai joué et qui se sont terminées parce que personne n’avait fermé la porte… * Brrr y’a comme un courant d’air *
  • A tant d’autres que je n’ai pas cité…

Au plaisir de vous revoir dans le jeu ^^

(PS : toutes les images utilisées dans ce billet sont tirées du jeu Hordes.fr, et sont la propriété de Motion-Twin / les gars super qui ont créé ce jeu fantastique)

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