La lecture est une grande part de ma vie, et je m’étonne de ne point vous en avoir parlé plus tôt. Je m’étais sûrement dit que vous n’en auriez rien à tamponner, et je n’avais sans doute pas tort. Toujours est-il qu’aujourd’hui le fan qui dort en moi (et qui ronfle vachement fort, parce que je vous jure qu’il est difficile de l’ignorer) a décidé de s’exprimer. Et ça va être très différent des critiques que vous avez l’habitude de lire sur les autres sites, blogs et autres outils de déculturage.
Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que je suis incapable de faire des critiques mauvaises. Attention, ça ne veut pas dire que CE QUE JE DIS ne peut pas être mauvais (quoique…), mais plutôt qu’à mes yeux, l’OBJET DE LA CRITIQUE n’est pas mauvais. J’ai le rare don de savoir trouver le bon en toute chose qui nous entoure (enfin, c’est peut-être pas un don, mais plutôt une tare), et quand quelque chose me donne une impression négative, je ne dis pas « saynul, bouh caca-boudah dans tes cheveux », mais plutôt « C’est très bien, mais personnellement, ça n’est pas franchement mon genre » (Faut croire que mes parents m’ont bien élevé…). En bref, je suis banc publique bon public.
Vous vous demandez sûrement ce que je penserais de gros navets fumants comme Bloodrayne (nominé aux Razzie Awards 2006), ou encore Wild Wild West (récompensé du Razzie Award « pire film evar » en 1999), et je vous répondrais : « beaucoup de bien » ! Vous remarquerez tout de même que je n’ai pas dit « que du bien » non plus. Je sais reconnaître les défauts d’une œuvre. Je mets juste plus en avant les points positifs que négatifs.
J’aimerais aujourd’hui vous parler d’une œuvre littéraire que j’apprécie beaucoup : le cycle de l’épée de vérité. Bon comme vous l’aurez deviné, il s’agit d’une saga de fantasy, en plusieurs tomes, qui ne parait pas super originale. Mais un bon nombre de détails l’ont rendue, à mes yeux, exceptionnelle. Pour remettre le tout dans son contexte, il faut préciser que beaucoup de tapage a été fait autour de la série, pour indiquer que soi disant elle allait tout roxxer et rafler les honneurs du monde de la fantasy à la manière du seigneur des anneaux. Beaucoup de blabla et de publicité (qui a marché un peu d’ailleurs), et de ce fait, beaucoup de critiques ont réagi par rapport à cela, et on retrouve presque inévitablement des critiques négatives. D’ailleurs j’ai failli ne pas me lancer dans la saga à cause de ce côté « wahou, meilleur livre evar », de peur de faire face à une déception.
Avant de rentrer dans les détails, je tiens à préciser deux choses :
- La première est que cette critique n’engage que moi, c’est une impression personnelle, un avis. Si vous n’êtes pas d’accord,
tant pis pour vous, euh… je veux dire c’est normal. Mais ne venez pas dire que j’ai tort, parce que je n’aurai jamais tort (bwahaha j’ai toujours raison) lorsque j’exprime un ressenti (qui mieux que moi sait ce que je ressens ?) - La seconde est que je n’ai pas tout lu, et je ne peux pas comparer ma lecture à tout ce qui l’entoure de façon absolue. Si une critique d’une œuvre ne peut pas se faire sans une connaissance de l’environnement dans lequel elle s’inscrit, personne ne peut l’appréhender absolument. Ni moi, ni vous. Mais je pense avoir l’expérience minimum requise pour donner un avis acceptable ^^
Quand on y repense, j’ai lu pas mal d’auteurs de fantasy déjà (pas leur bibliographie complète, non plus) : JRR Tolkien, Terry Goodkind, Raymond E. Feist, David Eddings, Orson Scott Card, Pierre Bordage, Terry Pratchett, Philipp Pullman, RA Salvatore, Bernard Werber, Robin Hobb, et j’en passe. Bref, j’arrête d’étaler ma science sinon vous allez croire que je vous prends de haut, alors que tout ceci ne reflète que la peur que ça soit moi qui sois pris de haut.
Etapons les choses pour un peu plus d’ordre. Tout d’abord un petit synopsis (de par moi-même) :
Richard Cypher est un gentil monsieur qui vit tranquillement dans sa merveilleuse contrée de Terre d’Ouest, où il travaille comme forestier. Loin de la magie, il mène une vie tranquille (excepté le fait que son père a été assassiné il y a trois semaines). Jusqu’au jour où, lors d’une de ses balades en forêt, il aperçoit une frêle jeune femme aux cheveux longs poursuivie par quatre hommes plus costauds les uns que les autres. Se doutant qu’elle est en danger, il accourt, mais lorsqu’il arrive, deux des hommes sont déjà morts sans que la jeune femme n’ait fait grand chose. Il finit de la sauver, tombe immédiatement amoureux d’elle. Elle finit par lui avouer qu’elle a traversé la frontière magique qui sépare ce pays du reste du monde, et qu’elle est à la recherche du « Premier Sorcier » car elle a besoin de son aide pour sauver le monde.
La première chose qu’on peut remarquer, c’est que le scénario n’a rien d’original, surtout quand on sait que notre héros va se découvrir les pouvoirs magiques les plus puissants du monde connu, qu’il sera le seul à pouvoir sauver le monde de la destruction, et ce plusieurs fois. Bref, c’est un super héros des temps anciens. « Eh attends, t’avais dis que tu ne faisais que des critiques positives, c’est quoi ces critiques de mâârdes là, heing ? » Chaque chose en son temps. Pour mieux relever les bons points, je commence par le plus mauvais (enfin, disons le moins bon… car je trouve le scénario correct, malgré son manque d’originalité), pour que les points positifs aient l’air génialissimes (wooot je suis trop ultra puissant dans mes techniques de convainquement des foules… Je compte devenir président du monde avec ces méthodes).
Comme bien souvent, l’Epée de vérité ouvre son premier tome dans un endroit assez confiné, dans lequel le héros a vécu son enfance et dont il a pratiquement déjà fait le tour (car oui, plus qu’un forestier, Richard est LE forestier qui connaît toutes les plantes et sait pister à la perfection). Au début, l’intrigue se noue dans cet endroit, entre des personnages presque normaux, comme ça on n’est pas trop paumés (un endroit sans magie en plus je vous rappelle… enfin, en théorie). C’est la Terre du Milieu quoi. L’avantage, c’est que même complètement noob en magie et en politique, au milieu de cette populace banale et sans intérêt, il suffit que le héros colle son poing dans le nez d’un potentiel violeur pour qu’il ait immédiatement l’air héroïque avec des petites étoiles qui tournent autour de lui et une auréole.
Très vite, le scénario prend de l’envergure. L’histoire deborde des frontières initiales, et on monte rapidement dans les sphères politiques (autant que magiques) de plus en plus hautes – jusqu’à ce que Richard devienne Empereur. Et quand on pensait que c’était tout bon pour lui, d’autres Empires se révèlent, et les conflits prennent des dimensions continentales voire planétaires. La mise en place des mécanismes politiques et culturels entre les différents Empires est relativement réaliste et bien huilée, si bien qu’on s’y laisse prendre. L’univers de l’Epée de Vérité est très bien décrit, et on ne peut pas dire qu’il manque de richesse. Ca fait vraiment plaisir de pouvoir se mettre aussi facilement dans la peau d’un Empereur (qui est resté simple quand même) ou de l’héroïne Mère Inquisitrice pour les lectrices (les deux stéréotypes sont équivalents…)
Les personnages sont chouettes. Richard, droit et juste, divinement inspiré par moments. Sa copine, courageuse, très féminine. Ses amis et alliés : fidèles, complémentaires et souvent très intelligents. Ses ennemis : certains humains, paradoxaux et finalement faibles ; certains franchement surhumains, des cas extrêmes dans leur domaine (celui de la vilennie). Tous sont charismatiques, non pas beaux mais particuliers.
Autre point très important : la longueur des cheveux des femmes correspond à leur rang social et à leur pouvoir. Les belles crinières inspirent le respect et c’est un honneur d’avoir les cheveux longs. Rien que pour ce concept, je pourrais vous dire tout le bien du monde de ce bouquin 😀
Un des principaux points importants du récit est la souffrance. L’auteur nous fait ici une apologie de cette souffrance. Cela peut paraître surprenant, voir repoussant de prime abord. Si certains y verraient là quelque chose de négatif, moi j’y vois une beauté inégalée. [mode mégalo-emphatique enclenché OMG!!].
En effet, au fil des 11 tomes sortis (le dernier finissant un arc important de l’histoire est sorti il y a quelques jours), nos héros subissent toutes les souffrances possibles et imaginables : douleurs physiques ou tortures psychologiques. Et malgré cela, on les voit se relever, inlassablement, portés par une cause juste et désespérée. C’est réellement inspirateur de courage. Et c’est surtout cela qui fait que nos personnages sont de véritables héros, des personnes qui endurent ces souffrances parce qu’elle peuvent le supporter, et qui le font afin de protéger le reste du monde.
Si Richard est entouré de véritables héros, qui sont tous forts, intelligents, les meilleurs dans leurs domaines respectifs, c’est lui qui est le héros ultime, dont la sagesse et l’empathie les surpasse tous. On pourrait avoir peur que ce côté « ultime » déséquilibre le récit, mais c’est en fait ce qui fait sa force, et lui donne cette teinte « épique » en terme de psychologie des personnages.
De tout cela découle des dialogues souvent longs et parfois un peu répétitifs, mais qui nous plongent au plus profond de l’esprit de chaque personnage, étudiant la nature humaine, les caractéristiques de vrais leaders. De plus, on rencontre assez souvent des discours aux allures légendaires, le genre qui donnent des frissons quand on les lit.
Ainsi, les personnages principaux subissent de la torture physique, du mindbreak, de la perte d’être chers, du viol, des visions d’horreurs, gores ou apocalyptiques, la peur sous toutes ses formes, la trahison, etc… Sans compter ce qu’ils s’infligent à eux-même : le sacrifice, la faible (très faible) estime de soi.
A ce titre, à l’exception du premier tome, on notera qu’il en est de même pour les méchants, dont les exactions sont expliquées (sans être justifiées) par ce qu’ils subissent ou ont subit, leur vision déformée du monde et d’eux-mêmes. Et Richard a une vision d’eux qui reste positive. Pour lui (comme pour moi), il y a du bon en chacun de nous, même pour les plus mauvais d’entre nous, et personne n’est au delà de toute rédemption. Il sait malgré tout que le sacrifice de certains peut être nécessaire pour le bien du plus grand nombre, et il est capable de prendre les décisions en conséquence.
Si l’auteur ne franchit pas les limites du politiquement correct, il ose tout de même toucher à des sujets sensibles. Ainsi, le fait d’aborder le viol (sur des personnages importants), dont on suit le rétablissement psychologique, est quelque chose de fort et touchant. De même, dans un registre très différent, voir le héros foncièrement bon, ordonner à ses soldats de saper l’effort de guerre ennemi, de s’en prendre à des civils, est quelque chose que l’on voit rarement dans ce type de récits (s’il y a de véritables justifications sur ce comportement, ça reste tout de même osé de la part de l’auteur).
Malgré ce côté « parfait » de Richard, le héros reste jeune, et ignorant dans de nombreux domaines (de la magie essentiellement), et cela le rend tout de même accessible, surtout qu’il s’agit d’un personnage très simple et facile à comprendre (les méchants profitent d’ailleurs de cette caractéristique).
Par moments, on a envie de dire à Richard « Pownaid Noob! T’avais qu’à level up en magie soustractive et farmer les artefacts magiques comme je t’avais dit!! » ce qui n’ôte rien au plaisir de la lecture, ça fait tellement du bien de se sentir supérieur au héros 😉
Pour conclure cette critique désorganisée et un peu longue, je me dois de vous conseiller la lecture de cette saga, qui malgré ses airs très classique, est véritablement intéressante et passionnante.
J’en profite aussi pour m’excuser pour le sérieux de ce billet, mais il m’est plus difficile de plaisanter lorsque je parle de tueries et d’héroïsme.